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Je suis un Taureau

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jemdou

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Je suis un taureau, je me le répète souvent, je suis un taureau, mais qu’est ce qui peut bien caractériser le fait que je sois un Taureau ? Ma fougue ? Ma hargne ? Ma pugnacité ? Ma puissance ?

Le fait que comme l’animal, je me batte jusqu’à la mort contre un type qui en plus d’être armé, a pris soin de m’affaiblir avant de m’affronter ?

Y-a-t-il du taureau dans mon regard ? Dans ma gestuelle ? Dans ma souffrance ?

Est-ce que comme le taureau dans cette arène azuréenne, je peux être galvanisé par la foule en liesse ? Au point d’en perdre mes repères, ma lucidité ?

Ou est-ce simplement parce qu’en ce 17ème jour de Mai 90, j’ai vu le jour sous ce signe astrologique ?

Un peu de tout çà à la fois, j’imagine..

D’ailleurs, je peux sans doute remercier ma mère pour çà, on peut tous remercier notre maman non ?

Ma mère adorait le foot, elle y jouait très bien, mon papa avait l’habitude de dire qu’elle était douée aussi bien du pied droit que du gauche. Je n’ai pas souvenir de quand exactement j’ai commencé à taper dans un ballon, mais nul doute que ma mère m’y a converti très tôt, trop tôt peut-être.

Elle qui rêvait de me voir finir footballeur professionnel, je me souviens bien j’étais très fort gamin, je marquais but sur but, elle venait à tous mes matchs, ma première supportrice ma maman ! Je me souviens comme elle était fière !

Mais je me souviens surtout que malgré l’accomplissement que pouvait représenter cette finale, malgré le sourire de maman, ses larmes de joie en me voyant entrer sur le terrain. Ce que je me souviens, c’est que ce jour-là, alors qu’elle m’encourageait, alors qu’elle criait, quelque chose s’est passé, quelque chose s’est rompu, quelque chose s’est arrêté, à l’époque, on n’a pas vraiment su me l’expliquer, ou sans doute que du haut de mes douze ans, je n’ai pas su le comprendre.

Mais tel un acteur de théâtre qui rêverait de décéder sur la planche un soir de représentation, ma maman est décédée en me regardant jouer au foot.

Alors aujourd’hui, ce 22 mars 2020, je n’ai pas pu contenir mes larmes.

On m’avait prévenu qu’ici, la passion est telle que tu peux tout avoir et tout perdre en quelques semaines seulement, que les supporteurs peuvent te donner au centuple ce qu’ils peuvent te reprendre la semaine d’après.

On m’avait prévenu que le supporteur, ici, était comme ce mari jaloux qui pourrait violenter sa femme un jour tellement sa passion le dévore et lui acheter un bijou le lendemain.

On m’avait prévenu que l’amour qui entoure ce club est déchirant, sublime, pesant, magnifique et détestable à la fois, qu’entretenir cet amour est impossible.

Et pourtant ce jour de match, en voyant ce tifo, immense, bleu et blanc, au couleur de mon pays, en voyant l’imposante masse de personne dévoilant petit à petit la teneur de cette fresque, presque vivante, au milieu des chants, des couleurs. L’émotion m’a submergé.

Oui, en voyant ma maman, elle comme jamais représentée sur ce tifo géant, cet idyllique tableau, comme dans un rêve, oui j’ai pleuré.

Et lorsque, après ce Match, Angel est venu me trouvé pour me saluer, pour me dire qu’il m’enviait, qu’il avait sans doute choisi le mauvais club, j’ai compris que, quel qu’aurait-été le résultat de ce soir, pour ma part, j’avais fait le bon choix.

Dario

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