NÎMES-OM, DES FRÈRES ? LAISSEZ-MOI RIRE !!! (Un billet dribblé par Thierry B Audibert)

Aïooooli amis olympiens,

L’OM jouera dimanche soir la deuxième journée de championnat de sa saison 2018-2019. J’ai souri en découvrant dans la Provence de vendredi les déclarations de Jean-Jacques Bourdin, président d’honneur des crocodiles, dans lequel il va jusqu’à affirmer que Nimes et l’OM sont deux clubs frères. J’étais minot à la fin des années 60 mais je savais dès cette époque que les deux clubs étaient très loin de la cordialité mise en avant par le journaliste-vedette de RMC. Entre 69 et 72, les deux clubs vont s’affronter neuf fois et presque chaque rencontre sera joué dans un climat incroyable de tension qui culminera avec les duels entre Roger Magnusson et l’arrière-gauche nîmois André Kabile. La rivalité fût régionale et sportive car en 1972, si l´OM termine champion, le Nimes Olympique finira derrière lui, dauphin pour la seule fois de son histoire.

On ne peut pas imaginer une seconde que ces duels légendaires ne se sont pas transmis du côté de la capitale gardoise et l’OM sera attendu, non pas comme un club frère, mais comme un géant qui lui a fait bien trop d’ombre. Je serais très étonné que les marseillais n’aient pas à livrer un gros combat physique pour se sortir du piège. Il faudra planter pour se rendre les choses faciles car en face, et ils l’ont prouvé dès leur retour dans l’élite en allant gagner à l’extérieur, les nîmois ne lâcheront rien et se jetteront comme des morfales sur le ballon. Que les joueurs olympiens n’arrivent pas là-bas comme en pays conquis. Ils sont supérieurs à ces nîmois mais rien n’est acquis alors qu’ils ont une place de leader à consolider. Pour ma part, j’ai l’esprit tranquille, je les aurai prévenus, ainsi que le staff technique. Vous trouverez ci-dessous la restitution de ces rencontres qui ont passionné le sud dans ces années où le chanceux que j’étais découvrait l’OM et le football, merci la vie.

Bientôt, je ne publierai plus que sur un site qui est en cours de création, olympiens.fr, un site par des supporters passionnés pour d’autres supporters passionnés. Je confirme que ce billet est l’un des derniers que je poste ici. Vous pouvez d’ores et déjà nous suivre sur twitter @OlympiensLeSite . Il y a deux talks radio interactifs et de qualité par semaine. Je vous ferai signe dès que le site est prêt, dimanche ou lundi me dit-on... mais les travaux, vous savez ce que c’est...

Vive le grand Roger Magnusson !


15/02/69

OM-Nîmes en amical : 2-1

Magnusson ouvre le score à la 40e minute en lobant Luigi Landi, (l’excellent gardien nîmois qui mourra quelques années plus tard dans un accident de voiture alors qu’il avait rejoint La Paillade de Loulou Nicollin), lequel avait raté sa sortie.

À la mi-temps, Roger demande à Zatelli de le faire sortir mais le beau Mario lui demande de faire encore quelques minutes de plus. Las, le jeu reprend et Kabile descend Magnusson d’un tacle assassin. « Manu » regarde Zatelli qui cette fois lui indique qu’il va sortir mais au moment où il est en train de se diriger vers le banc de touche, Roger se retrouve en situation de recevoir un ballon un peu côté gauche, il le réceptionne, crochète se rabat et frappe de 20 mètres, but. 2-0.

Il vient de faire connaissance avec le fameux Kabile. Le duel a commencé.


27/05/69

Nimes-OM : 0-0 (30e journée)

C’est le match retour. L’OM vient de gagner la Coupe de France. Nîmes joue le maintien. Magnusson ne joue pas le match. Escale arrête un penalty grâce à un tuyau que lui a glissé Novi sur le tireur, Scherer. Celui tire en effet toujours du côté où il regarde. Escale a juste appliqué.


09/08/1969

Nimes-OM : 1-1 (2e journée)

Kabile marque Magnusson à la culotte. Magnusson se rebelle. Les deux joueurs se frottent dans le dos de l’arbitre à chaque occasion au point que l’arbitre convoque les deux capitaines pour leur signaler qu’il n’acceptera plus la moindre faute. À la 60e, Kabile met un coup de tête à Roger, celui lui vaut un 2e carton jaune, expulsion.

Le lendemain, La Marseillaise titrera sur ce match chaud-bouillant : Un combat de rue.

Kader Firoud, le fameux entraîneur nîmois dira à la presse : « Magnusson ne cesse de se plaindre à l’arbitre des misères qu’on lui fait. Il énerve tout le monde avec ses attitudes offensées de prima doña ». Bonjour l’ambiance. Zatelli va répliquer fermement : « Ce fût un spectacle indigne de professionnels. Je pense néanmoins que c’est le marquage de Kabile sur Magnusson qui a mis le feu aux poudres. Nos adversaires étaient survoltés, et je ne veux pas savoir qui les a mis dans cet état. Lorsque l’on parle du du Carnaval de Rio ce n’est rien à côté de ce qui vient de se passer ce soir au Stade Jean-Bouin. Il est bien évident que l’arbitrage lamentable de monsieur Frauciel n’a pas facilité les choses».


25/01/1970

OM-Nimes : 4-0 (20e journée)

Il s’agit du match retour de championnat. Le tirage au sort de la Coupe de France, un mois auparavant, a désigné un OM-Nimes en 1/32e de finale, la rencontre doit se jouer à Alès.

Mais l’OM dans cette rencontre de championnat ne va laisser aucune chance à ses rivaux. Le public siffle Kabile copieusement chaque fois qu’il touche le ballon. Les nîmois mettent des coups, il y aura deux penaltys sifflés pour les marseillais pour des fautes commises sur Skoblar et Magnusson, et c’est Roger qui se chargera de la transformation des deux.

Skoblar à propos des fautes nîmoises dira qu’il n’est pas possible de jouer dans de pareilles conditions. Leclerc ajoutera que Nimes a pratiqué l’antijeu. Kader Firoud se montrera philosophe en lâchant : « Paradoxalement, ce match, malgré le score final, m’a donné confiance pour le prochain choc en Coupe de France contre l’OM ». Le rendez-vous est pris.

On apprend quelques jours plus tard que Barcelone et le Real envisagent de recruter Magnusson qui appartient toujours à la Juventus. Barcelone a envoyé un émissaire avec lequel Roger a discuté.


08/02/1970

Nimes-OM : 1-0 (1/32e, Coupe de France)

Trois ou quatre jours avant, Marcel Leclerc déclare que les attaquants ne marquent pas assez et trouve que Magnusson a 4 kilos de trop... Roger se plaint d’une douleur l’avant-veille du match et Zatelli ironise sur le fait qu’il pense un peu trop à la future Coupe du Monde qui doit se jouer au Mexique et qu’il se fait une montagne du moindre bobo. Il ne sera pas aligné pour le match de Coupe de France. Un match de feu et de très grande tension. L’OM marque deux buts mais MR Wurtz nous les refuse, un vol pour tous les observateurs de l’époque. 0-0 à la fin du temps règlementaire mais à la 102e Wurtz siffle un pénalty litigieux, Hodoul est à la lutte sur une balle en profondeur, Bonnet le nîmois tombe et entraîne Hodoul dans sa chute qui touche le ballon de la main et semble le pousser vers Escale. C’est fini. L’OM est éliminé.


22/08/1970

Nimes-OM : 3-0 (3e journée)

L’OM était meilleur mais le milieu est aux abonnés absents pour les observateurs. Magnusson a pourtant été très bon. Skoblar a du sortir pour une blessure au tibia, plaie ouverte. C’était la 3e journée de championnat, Nîmes et l’OM sont 7e à égalité.


14/02/1970

OM-Nimes : 2-2 (21e journée)

On inaugure ce jour-là les fameuses tribunes avancées sur les anciennes pistes de cyclisme et d’athlétisme du Vélodrome côté Jean-Bouin.

Nîmes émet des réserves contre la participation de Gilbert Gress qui vient d’arriver. Ce sera en vain. Quand on le dit qu’ils faisaient chier, les nîmois. Bon, on prend deux buts parce que Jean-Paul Escale se troue un peu. Il avouera d’ailleurs ne plus parvenir à faire un bon match au Vélodrome.

Marseille est leader du championnat.


13/10/1971

OM-Nimes : 3-1 (10e journée)

L’OM est leader et Nîmes 3e. Tout le monde attend le duel Magnusson-Kabile mais l’OM va remporter ce match facilement. Skoblar avouera n’avoir pas eu à forcer alors que les marseillais vont bientôt affronter l’Ajax d’Amsterdam du fameux Johan Cruyff. Stefan Kovacs l’entraîneur des hollandais est présent au match.


25/03/1972

Nimes-OM : 1-3 (28e journée)

OM leader du championnat rencontre son dauphin. Nîmes est invaincu à domicile en championnat depuis plus de deux ans.

Magnusson est touché par Kabile à la 46e minute, il reprend le jeu en boitillant après qu’on lui ait bandé le genou. Il sortira à la 74e en pensant que son ligament est touché. Il sera absent pour la journée suivante.


Pour finir, et pour donner une nouvelle idée de ce que fût la rivalité Kabile-Magnusson, et de la légende qu’elle a laissée, j’ai trouvé aussi un témoignage de l’écrivain Jean-Jacques Vierne, un supporter nîmois. Je n’ai pas vu le récit de cet épisode dans le fabuleux travail de Gilles Castagno sur lequel je me suis entièrement appuyé (Marseille, un club de légende 1959-1972). La presse marseillaise ne semble pas en avoir fait état. Le voici :


« Dans les années 70, Marseille et NO sont à la lutte pour le titre en Division 1. L'OM, hormis Skoblar le buteur, avait un ailier droit suédois Roger Magnusson, aussi blanc que Ronaldhino est noir, mais un talent identique, avec un dribble magique qui rendait fous les arrières, sauf un. Le Bilou notre Kabile qui effrayait Magnusson qui ne passait jamais. Un soir de match Kabile a marché sur le talon du suédois qui a ainsi perdu sa chaussure cramponnée. Il n'osait même pas venir la récupérer. Et le Bilou pour aggraver son cas, a balancé la godasse à 40 mètres côté Grand Butte. Nous étions morts de rire ».