Aïoooli,
Nous voilà donc en pleine « trêve internationale » au lendemain d’une magnifique victoire olympienne au Stade Vélodrome qui aura mis du baume au cœur de tous ceux qui aiment l’OM et participent, chacun à leur niveau, à sa passionnante aventure.
Le triste épisode de Guimaraes a encore rebondi dimanche soir avec les époustouflantes déclarations du détestable Pierre Menes, dont nous ne cesserons de nous demander ce qui justifie sa présence surpayée et survendue dans une émission de grande audience de Canal Plus, lequel a fait sans vergogne état de soi-disant insultes racistes du parcage marseillais en direction de Patrice Évra. À l’heure qu’il est nous sommes toujours dans l’attente de preuves de la part de cette caricature de journaliste enflé de tout, à part d’objectivité. Il est évident que personne à Marseille ne peut croire une seule micro seconde à la réalité de ces insultes racistes et nous renvoyons tous ses employeurs, pour peu qu’ils leur restent un minimum d’éthique personnelle et professionnelle, à leurs responsabilités. Nous pouvons nous étonner aussi du silence assourdissant des dirigeants olympiens à ce sujet.
Cette affaire Evra nous divise néanmoins dans l’appréciation que nous avons des évènements. Les Fanatics, très respectable club de supporter, dont il a été dit que c’est un de leurs membres qui a pris le coup de pied par l’ancien capitaine de l’Equipe de France, ont publié un communiqué hier qui fait beaucoup parler sur les forums. Dans les commentaires de ce communiqué, je lis et j’entends de chaque côté un mélange alambiqué de propos parfois vrais et d’autres injustes qui font penser à un grand concours de faux-culs. Pas facile d’y voir clair mais qu’on me pardonne au moins d’essayer de le faire sans épargner personne, moi-même compris, si en plus ça peut servir à quelques-uns, tant mieux.
Oui, Évra a pété gravement les plombs et il ne fait pas de doute que l’aventure olympienne s’arrêtera pour lui. Si j’étais personnellement, et de manière prématurée, très énervé par les supporters en prenant connaissance de l’épisode, au vu des images par la suite, il est évident qu’il pouvait largement se dispenser de revenir mettre son désormais fameux high-kick alors qu’il avait été éloigné par ses coéquipiers du contact avec les supporters descendus des tribunes. Il n’en demeure pas moins que je ne vois pas comment les supporters pourraient s’exonérer de s’être mis hors-jeu, ce n’est que mon point de vue, et bien entendu il n’est pas supérieur à un autre, en « chambrant » le joueur (je mets des guillemets parce qu’autant je ne crois pas aux insultes racistes, autant je peux imaginer que ce chambrage était tout de même épicée d’insultes tout court, et je veux préciser tout de suite dans cette parenthèse qu’en ayant eu la chance de grandir dans une cité des quartiers nord de Marseille, je suis moi-même et malheureusement peut-être un insulteur de première, d’ailleurs, allez tous vous faire un peu enculer ), en « chambrant » le joueur, disais-je, alors qu’il se préparait pour un match important, même s’il n’était que remplaçant ce soir-là. Je fais partie de ceux qui pensent que le match est sacré, que l’avant-match c’est déjà le match, même pour un remplaçant, et qu’insulter le membre d’un groupe solidaire représente une perturbation négative sur l’ensemble de ses membres qui va à l’encontre du mot encourager au centre de la mission du supporter. Ils se sont mis doublement hors-jeu pour certains d’entre eux en rejoignant Patrice Évra, même si celui-ci les y a invités de manière agressive. Leurs fautes sont là et uniquement là. Elles ne font pas pour autant d’eux des parias où des pseudo-supporters, ou des supporters en bois (ce que j’ai pensé à chaud), leur foi, leur engagement pour l’OM doit leur être encore reconnue mais cela ne suffit pas, à mon humble regard, à les exonérer de leurs fautes. Évra est ce qu’il est, et dieu sait si je n’étais pas pour sa venue, ses performances insuffisantes avaient été pointées par tous, y compris par l’entraîneur, mais il mérite aussi le respect dû à sa carrière (partie de très bas) et à son palmarès. Son rôle de « Tonton » dans le vestiaire était réel. Mc Court l’a évoqué en me répondant personnellement à une question que je lui ai posée sur l’échec de ses hommes dans ce recrutement (Eyraud, Zubi, Garcia), et il a été confirmé par Florian Thauvin lui-même à la veille d’OM-Caen. Ses vidéos n’ont engagé que lui-même et jamais l’institution si j’en crois ceux qui les ont regardées. En aucun cas elles ne peuvent être invoquées pour expliquer ses contre-performances, lesquelles sont surtout dues à son âge face aux exigences de son poste. En parler comme la cause de tout, dans les propos du capo des Ultras dimanche soir, ou dans le communiqué des Fanatics, m’apparaît spécieux et injuste. Chaque individu a un droit inaliénable à l’expression, sous quelque forme que ce soit, tant qu’il ne trouble pas l’ordre public ou qu’il n’appelle pas à la haine. Vouloir lui interdire cette expression ludique au prétexte de son métier, ou parce qu’il est très bien payé, ou quoi que ce soit d’autre, s’assimilerait presque à une forme de dictature du public qui ne dirait pas son nom. Qui êtes-vous donc pour interdire et faire fermer sa gueule à un type qui fait des vidéos qui ne vous plairaient pas ? Il s’agit d’un excès d’autorité auquel je demande à chacun de réfléchir. Personnellement ses vidéos, pour celles que j’ai vues, me sont totalement indifférentes et je ne vois rien de rationnel dans le déferlement de haine qu’elles ont entraîné.
Il est évident que si les fautes de chaque acteur sont reconnues, il devrait y avoir sanction. Dans ce domaine, les plus grandes iront à Patrice Évra. Mais les supporters fautifs devraient normalement avoir leur part. Ils ont fait une connerie, ils doivent l’assumer. Et de ce point de vue, il y a deux éléments dans le communiqué des Fanatics qui font s’écrouler toute leur argumentation, sauf sur le racisme.
D’une part, ils s’abstiennent d’y évoquer le fameux chambrage dont le joueur a commencé à faire l’objet et auquel les témoins ont rapporté qu’il avait d’abord répondu en envoyant des baisers vers le parcage, ce qui suppose que ce geste conciliant n’a pas suffi à l’arrêter... d’autre part, écrire sans rire que les supporters sont descendus « pour défendre l’honneur du peuple marseillais » nous fait nous interroger sur les capacités de discernement des rédacteurs, car ce serait faire de l’honneur du peuple marseillais une bien petite chose si on pensait que deux ou trois égarés (ce ne peut-être qu’un moment d’égarement qui les a menés sur la pelouse) pouvaient le sauver en allant à la rencontre d’un Patrice Évra logiquement énervé, et malheureusement beaucoup trop... Je me permets en plus de soulever l’hypothèse d’une bizarre zone d’ombre : à l’heure où tout est filmé, je n’ai pas vu de vidéo prise depuis le parcage marseillais qui aurait permis d’entendre ce qui s’est dit et d’évaluer la véritable durée de l’épisode, ses différents enchaînements.
Si je ne trouverais pas anormal que les supporters soient sanctionnés, je suis par contre opposé à ce qu’il s’agisse d’une sanction lourde. Elle peut être symbolique. Elle doit marquer le coup, oui, mais elle ne doit être ni financière, ni se traduire par une longue interdiction de Stade comme beaucoup le souhaiteraient. J’ose espérer que dans ce domaine on saura distinguer que nous avons affaire à des jeunes sans expérience et trop peu encadrés, d’autant plus qu’on semble avoir manqué de stadiers côté olympien et côté Guimaraes.
Par contre quand je lis chez quelques-uns l’envie de sanctionner tout le monde Ultra dans son ensemble, en éradiquant les clubs de supporters, je me dis qu’on va trop loin. Quand certains nous disent qu’il y avait déjà de l’ambiance dans le Stade avant l’arrivée des Ultras et qu’on peut facilement se passer d’eux, non, je ne suis pas d’accord du tout. Si on ne peut nier le caractère fervent des supporters de l’OM depuis presque la nuit des temps, j’ai toutefois en mémoire un moment bascule après lequel plus rien n’a été comme avant, la finale de la Coupe de France 1986 à laquelle j’étais monté en train (à l’époque le TGV n’existait que de Paris à Lyon, nous avions pris un tortillard à l’ancienne, pas loin de 7h de voyage...) avec mon père alors âgé de 65 ans. Nous étions en face de la tribune officielle. À notre gauche, le virage bordelais. À notre droite, le marseillais. Les Ultras marseillais, les pionniers du mouvement, aujourd’hui regroupés au sein de La Vieille Garde Ultra 84, avaient fait un boulot incroyable juste deux ans après leur création. Chaque supporter marseillais dans le virage avait en main des petits ballons bleu et blanc, agités en rythme sur des chants coordonnés qui ne cessaient d’être repris sitôt terminés. Totalement nouveau et révolutionnaire. C’était le feu, la folie, l’ensemble dégageait une force, une joie, une ferveur que personne n’avait jamais vue en en France. En face, avec leurs couleurs sombres et leur immobilité, il semblait que les bordelais étaient venus assister à un enterrement, on ne comprenait rien à leurs encouragements sporadiques et dispersés. D’un côté la fête, la folie, l’extravagance, de l’autre rien de moins que la mort. Cela fit dire avant le match à quatre bordelais d’âge mûr qui étaient placés derrière nous que si le résultat à venir était incertain, côté tribune Marseille l’avait largement déjà emporté en donnant une réelle preuve d’un dynamisme éclatant. Aucun retour en arrière ne saurait être envisagé. J’espère que la direction olympienne a intégré cet élément sociologique, nous avons d’ailleurs tous noté qu’elle s’en sert dans ses campagnes de marketing, et elle aurait tort de faire autrement.
J’espère qu’il n’y a pas dans les plans de la direction olympienne le moindre début d’intention d’aseptiser les virages, de les normaliser, de dégoûter ses adeptes de venir au Vélodrome pour leur substituer de sages consommateurs qui viendraient au spectacle comme on va au Puy-du-fou. Ce Stade incomparable doit rester le puit des jobards.
Cela ne doit pas empêcher les clubs de supporters, et tous les supporters, de prendre le temps de se remettre en question pour nous éviter à l’avenir ce genre d’épisode absurde qui ne fait de bien à personne. Est-il possible, sans rien perdre de notre folie, que revienne à chacun de manière cohérente et irréversible un véritable esprit de responsabilité ?
Vive le grand Roger Magnusson !
POUR UN ESPRIT DE RESPONSABILITÉ !!!
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thierry b audibert
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