....Ou bienvenue Kostas pour les non-hellénophones !
Bi-national Franco-Grec, je rêvais depuis des années de voir un de mes compatriotes rejoindre mon équipe de coeur. Depuis des mois, je réclamais Mitroglou à l'OM. Cela s'est finalement réalisé un soir d'aout 2017 à quelques minutes de la clôture du marché des transferts. Pour mon plus grand bonheur ! Mais au fait, qui est Mitroglou ?
Konstantinos (ou Kostas, selon le diminutif en vigueur) est un enfant du Nord de la Grèce, de Kavala, à la frontière entre la Macédoine et la Thrace. Un pur produit de ces régions historiques, où de grandes batailles eurent lieu, contrées de résistance aux Perses puis aux Ottomans, terres de nombreux mythes et légendes racontées par Plutarque, Homère ou Cicéron.
Les débuts :
Il émigra en Allemagne, très tôt, à l'âge de trois ans, rejoignant ainsi la nombreuse diaspora implantée Outre-Rhin. C'est par la rigueur allemande qu'il apprendra les bases du football. Tout d'abord au centre de formation de Duisbourg, puis de Mönchengladbach. Il débute à 18 ans, avec l'équipe jeune du Borussia. Ce ne fut pas une franche réussite. Très vite, son caractère et sa personnalité bien trempée héritée de ses ancêtres ne colle plus du tout avec la mentalité allemande. C'est donc à 19 ans, naturellement poussé par l'envie de fouler à nouveau le sol du pays de ses agnats, qu'il rejoint l'Olympiakos le Pirée. Très vite, Takis Lémonis, légendaire milieu de terrain de l'Oly dans les années 80 devenu entraîneur, lui fait confiance. Et le résultat s'avère plutôt payant. Il est l'auteur de 7 buts en 18 matchs, toute compétitions confondues, à seulement 20 ans. La deuxième saison sous Valverde, marquée par quelques blessures et quelques problèmes d'hygiène de vie et un clash avec l'entraîneur ne lui font disputer que 14 matchs pour 3 buts. Puis, arrive la saison de la révélation, sous les ordres du georgien Ketsbaia, puis de Zico, puis de Bandovic (Marinakis, le président de l'Olympiakos, change d'entraîneur comme de paires de chaussettes) avec 14 buts en 40 matchs, où il est utilisé, principalement, dans un rôle d'attaquant de soutien, laissant Diogo dans un rôle de finisseur.
L'explosion :
Sa jeunesse et son inexpérience ne lui permettent pas de participer à la Coupe du Monde 2010, là où Charisteas et Fanis Gekas sont solidement installés, malgré plusieurs sélections lors des matchs amicaux. Après le tournoi, Valverde, avec qui il s'était disputé deux ans avant, lui fait clairement comprendre qu'il ne compte pas vraiment sur lui, et Kostas part donc en prêt au Panionios au mercato d'hiver après un bilan très mauvais de 1 but en 10 matchs. Il se révèle enfin en Super League (avec notamment un doublé contre son club prêteur) et inscrit 8 buts en 11 matchs. Il revient au Pirée, mais malheureusement, Valverde ne compte toujours pas sur lui, et lui explique qu'il devrait mieux partir définitivement. Conscient de son potentiel, guerrier dans l'âme, Kostas refuse et croit dur comme fer pouvoir s'imposer dans le club le plus titré du pays d'Aristote et des supporters fous. Il sollicite alors un nouveau prêt, cette fois à l'Atromitos, autre club d'Athènes, toujours dans l'ombre des deux géants que sont l'AEK et le Panathinaikos. Et c'est la révélation ! Mitro y marque alors 19 buts toutes compétitions confondues, en 39 matchs, et permet au "petit" club d'Athènes de terminer devant son rival historique de l'AEK et de se qualifier pour l'Europa League en décrochant en prime une place fort méritée dans la liste des 23 de Fernando Santos pour l'Euro 2012.
La saison suivante, c'est avec un tout nouveau statut qu'il revient dans le club de Marinakis. Valverde parti, c'est donc Léonardo Jardim (nouvel entraineur de l'Olympiakos) qui lancera véritablement sa carrière. Il lui accorde une confiance totale et lui confie les clés de l'attaque, en poussant Pantelic définitivement sur le banc, Djebbour et Fuster étant chargés de lui fournir de bons ballons. Et le résultat ne se fait pas attendre ! Kostas enchaîne les buts comme les bouteilles de whisky, marquant 20 buts en 40 matchs, dont 4 en ligue des Champions (et un coup de patte monstrueux contre Arsenal). Malgré le départ de Jardim pour le Sporting en milieu de saison et l'arrivée de Michel, le schéma de jeu ne change pas et Mitroglou continue de marquer.
Échec à Fulham puis renaissance au PIrée et confirmation à Lisbonne
La saison 2013-2014 (du moins pour la 1ère partie), toujours avec Michel, sera celle de l'explosion. Mitroglou inscrit 17 buts en 19 matchs. L'Europe entière le courtise alors. On parle d'un transfert à Dortmund, au Milan et même à Arsenal. C'est finalement, de manière un peu inattendue, que Kostas signe à Fulham qui lui propose un pont d'or et 18 millions à l'Olympiakos. Mitro est réticent, mais Marinakis insiste, le club étant en proie à un gros déficit avec un recrutement hasardeux l'été précédent. Kostas cède et arrive finalement à Londres le dernier jour du mercato d'hiver, le 31 janvier 2014, faisant de lui le transfert le plus cher de l'histoire du club ! Hélas, rien ne se passe comme prévu et Mitroglou arrive avec une blessure au genou récurrente depuis le début de saison. Il dispute seulement 3 matchs à Fulham dont un seul en tant que titulaire. Sa blessure, traînée depuis l'an passé, et un "excès de poids" reproché par le nouvel entraîneur allemand de Fulham Felix Magath provoque un clash et Mitroglou ne jouera plus de la saison à compter du 8 mars, à l'exception de 32 minutes contre Stoke City le 5 mai, où il entre en cours de jeu.
Kostas décide qu'il ne jouera plus jamais pour Fulham et indique qu'il ne veut plus jouer en Angleterre, alors que plusieurs clubs de milieu de tableau souhaitent s'attacher ses services. Cela a pour conséquence d'envoyer un Mitroglou à court de forme à la Coupe du Monde, où il ne joue que des bouts de matchs, et a le malheur de se blesser à nouveau face au Japon.
Après un tournoi réussi sur le plan collectif (la Grèce termine honorablement 8e de finaliste), Kostas décide, une nouvelle fois de rentrer au pays, et est alors prêté par Fulham à l'Olympiakos. Après une phase de rééducation, suivie d'une phase de réadaptation, Mitro reprend son rythme de croisière et termine la saison à 19 buts pour 33 matchs disputés, dont un importantissime contre l'Atletico Madrid et une passe décisive face à la Juventus. L'année suivante est celle de la confirmation. Kostas est de nouveau prêté, cette fois au Benfica Lisbonne, où il arrive avec une solide réputation d'attaquant-soldat où il retrouve son ami et compatriote Andréas Samaris, milieu de terrain de son état. Il est alors immédiatement adopté par ses nouveaux fans qui apprécient son sens du but, louent sa hargne et adulent sa personnalité fantasque. La suite est connue : un bilan de 52 buts en 85 matchs TTC et deux nominations en deux ans dans l'Equipe-Type de la Liga Nos !
Mais alors, que se passe-t-il dans sa tête ?
C'est sans doute la question à laquelle nous n'aurons jamais la réponse. Mitroglou pourrait représenter, pour le supporter de l'Ethniki Omada (l'équipe Nationale grecque), l'immense paradoxe, celui qui ne laisse jamais indifférent. Celui qui est devenu notre nouvel Héraclès après ses buts et ses célébrations dingues contre la Roumanie lors des barrages, nous envoyant à la Coupe du Monde. Ou Léonidas, grand guerrier mais finalement perdant magnifique contre les Perses, à la suite de son duel manqué face à Keylor Navas lors d'un 8e de finale de Coupe du Monde à la 120e minute de jeu. Ou encore le laborieux Sisyphe lorsqu'il fut incapable de marquer le moindre but lors des éliminatoires de l'Euro 2016. Ou même Agamemnon triomphant des troyens lorsqu'une seule action lui suffit à transpercer la défense belge et permettre à son pays de ramener un point du Plat Pays.
Mitroglou est tout cela à la fois. Il est la quintessence même de la Grèce, dans sa grandeur et sa misère, sa splendeur et ses ténèbres et surtout sa complexité digne du paradoxe de Platon et Socrate. À la fois le grand combattant que personne n'aimerait avoir en face de lui, qui deviendra, à n'en pas douter, le cauchemar de ses adversaires et qui n'aurait pas fait tache en général d'Alexandre lors de la bataille de Gaugamèles , et en même temps le "boy next door" avec qui on rêve de prendre une cuite en refaisant le monde autour d'un souvlaki dans un décor de carte postale dont la terre de nos ancêtres regorge.
Aujourd'hui, Mitroglou est à Marseille. 2500 ans après nos aïeux. Ce n'est finalement que justice qu'un hellène ne vienne jouer dans l'équipe de foot de la cité deux fois et demi millénaire. Sa nouvelle histoire commence ici. Et le Hoplite Fou devra prouver à tout un peuple qu'il est digne de ses ascendants. Nous n'attendons que ça.
Allez Kostas, fais nous rêver ! Et comme on dit toujours en Grec : Valte Mas Sklira ! (Littéralement : fais nous bander !)
Kalos oriso Kosta !
Auteur
VinnieJones
El Greco
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