On était au PMU avec le petit poucet de la Coupe de France

La coupe de France et son fameux "Petit Poucet PMU". Un concept super agréable... sauf lorsqu'il y a un risque de se trouver dans le camp d'en face. Quand on supporte l'Olympique de Marseille, l'évocation de la Coupe de France ne fait pas apparaître dans les esprits immédiatement les dix victoires. La dernière remonte à 1989. Certes la bise de Papin à Mitterrand est immortelle, mais ça commence à dater. Ce qui ressort en premier, c'est Carquefou, Quevilly, ces défaites en forme de traquenards face à des joueurs amateurs surmotivés, dans des stades chauffés à blanc. Avec cette désagréable impression que tout le monde autour n'a qu'une envie, que le "grand club" se ramasse pour mieux s'en moquer les jours qui suivent... Cette année, l'OM s'est fait sortir de la coupe de France par le leader de la Ligue 1, Monaco. Ca va. Du coup, lorsqu'on a la chance d'être invité à voir comment ça se passe cette année pour le Petit Poucet PMU des quarts de finale, le voisin de Fréjus Saint-Raphaël, on peut y aller détendu, et même enthousiaste à l'idée que les pros de Guingamp se fassent sortir par un pensionnaire de CFA. Comme si de rien était. Chacun sa croix.

Ocean's Twelve et Hervé Temine

Avant le match, il y a une nouvelle tradition, la remise des maillots du match aux joueurs de la plus petite équipe dans le PMU du coin pour réunir les supporters, les partenaires. Pour monter en pression mais aussi pour profiter du coup de projecteur car, par définition, l'aventure a de grandes chances de s'arrêter dans quelques jours. A Fréjus, ça se passe à la Maison du poulet, une adresse que tout le club connaît puisque le patron de l'établissement est aussi celui qui s'occupe de la buvette au stade. Dans les locaux, avant l'arrivée des joueurs, on retrouve la coupe de France, arrivée dans une mallette sous haute surveillance comme l'oeuf de Fabergé dans Ocean's Twelve, et un client avec le polo... de Guingamp. David, 48 ans, n'est pas du staff de l'adversaire, c'est un pur fan de l'En Avant qui est venu vivre à Saint-Raphaël il y a quelques années sur demande de Madame. Il est venu voir à quoi ressemblait cette équipe de CFA car il avoue sans mal ne jamais s'être déplacé pour aller la voir jouer : "Leurs matchs tombent souvent en même temps que ceux de l'En Avant donc je suis chez moi devant BeIN". Progressivement, toutes les composantes du club investissent le lieu. Et David ne le cache pas, le plus impressionnant, c'est le Président, dans un style qui n'est pas sans rappeler le célèbre avocat Hervé Temine, en un peu plus tape-à-l'oeil, parce que bon, quand même, on est sur la Côte d'Azur, il y a un standing à respecter. Alexandre Barbéro, c'est de lui qu'il s'agit, prend le micro pour dire qu'il n'y a pas de raison que l'aventure s'arrête en si bon chemin (pour arriver en quart, l'Etoile a notamment éliminé Bourg-en-bresse, Grenoble et Auxerre). Un discours qui ne fait pas peur aux joueurs. Ils sont plus sous pression quelques minutes plus tard, lorsque les hôtesses s'apprêtent à leur remettre les maillots, le moment clé de la soirée. Certains ont peur que ce soit les tenues pour la rencontre avec les numéros de chacun. Et d'en déduire ainsi, devant tout le monde, s'ils sont titulaires ou remplaçants pour un match qui se jouera dans quatre jours. Comment ne pas tomber sous le charme devant une telle candeur ?

Le petit poucet du petit poucet

Cela se poursuit devant le buffet, où "le groupe vit bien", selon la formule. Ca se chambre, il y en a qui tapent dans la pizza et le Coca, ce qui suscite l'incompréhension d'autres, qui ne veulent négliger aucun détail avant le match. C'est le moment aussi, pour une partie de l'effectif, de découvrir les joies des sollicitations médiatiques. Pour un qui répond face caméra, cinq sont autour pour tapisser leur Snapchat de vidéos avec des commentaires moqueurs. "Neupok" Mendy n'est pas aussi à l'aise que sur un terrain. Il faut dire que le jeune attaquant s'est ouvert au monde du football il y a seulement trois ans. Auparavant, il jouait juste avec des amis à Marseille, pour s'amuser. Quelque part, c'est le petit poucet du petit poucet. Malgré les rires sur les poncifs qu'il offre en guise de réponse, les autres membres de l'effectif le couvent, heureux qu'il soit pleinement rétabli d'un souci au mollet pour le match à venir. Vu sa pointe de vitesse, qui a éliminé Auxerre au tour précédent, ce n'est pas sûr que Christophe Kerbrat, le défenseur guingampais, se dise qu'il a eu un bon tirage. Le concept de "Petit Poucet PMU", dans toute sa splendeur : définitivement une question de point de vue...