QU’EN AURAIT PENSÉ DEPÉ ???

Aîoooooli les amis du peuple olympien,

Je veux profiter de ce week-end de la trêve internationale pour livrer quelques réflexions sur le monde des supporters. Pas de vérité particulière à vous asséner, juste des observations, des compléments, un point de vue dans les intervalles, comme un jeu entre les lignes pour mettre de la fluidité plutôt que participer à la confusion générale. L’actualité me le permet.

Je veux parler ici de ce que l’excellent Alexandre Jacquin qualifie dans La Provence de rififi entre l’OM et les Yankees, club de supporters du virage Depé.

Nous avons donc appris hier que l’OM allait porter plainte contre les Yankees. Des supporters, pour la plupart venant de loin, auraient payé des sommes allant de 50 à 90€ pour avoir accès au Virage dans la zone Yankee. On leur aurait alors remis un bracelet bleu en guise de sésame, mais une bonne partie d’entre eux seraient restés couillonnés aux portes du Virage quand les stadiers leur auraient signifié que ces bracelets ne constituaient en aucune façon un droit d’accès. La question va donc se poser de savoir qui a vendu ces bracelets et de remonter ainsi la chaine de responsabilités, car s’il est une chose que personne ne remet en doute, c’est qu’il y a bien eu un acte de vente illégal d’effectué, et que d’autre part, certains détenteurs de ces bracelets ont pu bel et bien entrer dans le stade pour aider à la mise en place du tifo des Yankees. J’ai lu ici ou là sur les réseaux sociaux que l’on s’étonne de cette pratique qui permet aux clubs de supporters les plus actifs de faire entrer dans le virage des individus sans abonnement. Il faut savoir qu’il s’agit d’une vieille pratique qui remonte au temps de Tapie, laquelle n’a jamais réellement posé de problème dans le passé. Cela me donne l’occasion de me souvenir du grand Depé. Étant l’un des premiers adhérents des MTP l’année de sa création, j’avais sollicité le groupe pour avoir une place en virage en plus lors d’un OM-PSG, que je voulais payer, pour faire plaisir au fils d’un couple d’amis qui descendait de Montélimar, sachant que nous étions déjà à guichets fermés depuis trois jours. Au téléphone, une voix sympa me confirme qu’il n’y a plus aucune place en circulation et me dit que la seule personne qui peut peut-être faire quelque chose c’est Depé, et que si je le souhaitais, Depé étant dans le local, elle pouvait me le passer, je dis ok bien entendu. J’explique donc mon problème à Depé, c’est la première fois que j’ai l’occasion de lui parler même si je le croise régulièrement au stade. Lui aussi se montre désolé pour moi mais je l’entends qui hésite, et il me propose alors que le jeune, le fils de mes amis avait alors 15 ans, se pointe très en avance aux portes du Stade, qu’il le ferait entrer à la condition qu’il donne un coup de main au groupe pour tout installer dans le carré. Comme l’heure du rendez-vous n’était pas possible, sachant que le jeune arrivait à la gare St Charles à ce moment-là, Depé qui commençait déjà à être le mythe que l’on connait, Depé ce supporter charismatique, fou brûlant et tellement photogénique, me répond tranquille qu’à cela ne tienne, si tout de même j’arrivais avec le fils de mes amis jusqu'à une certaine heure, il suffirait de le faire appeler et qu’il descendrait lui-même s’il le fallait pour le faire rentrer. Je précise bien entendu qu’il n’était pas question d’argent là-dedans, et alors que je le remerciais chaleureusement de chercher ainsi des solutions, Depé me répondit de sa voix légèrement éraillée, avec son accent et son sourire : « écoute, tu marches avec nous, si je peux t’aider, pas de problème ». Il se trouve que l’horaire du train ne permettait rien finalement et je n’ai pas utilisé la proposition du créateur des MTP, j’avais trouvé une autre solution, je suis encore allé le remercier de tout mon coeur le soir du match pour m’entendre dire à nouveau le fameux « oui, mais puisque tu marches avec nous ». Voilà, mes chers amis, comment cela pouvait se passer il fût un temps, et rien ne dit qu’il n’en est pas toujours ainsi, et sans que certains se prennent quatre sous au passage. Car s’il y a une chose d’incontestable sur l’usage qu’avait Depé de cette pratique, c’est qu’il en profitait pour faire entrer des jeunes marseillais défavorisés au Stade, qui avaient ainsi un premier vrai contact avec l’OM et le Vélodrome, il fabriquait ainsi de vrais supporters, il éduquait à la solidarité, il en sortait de la rue, il leur montrait une voie. Je tenais à utiliser cet évènement que nous traversons pour livrer cette anecdote que je n’avais pas encore eu l’occasion de raconter et la mettre en opposition avec ces dérives bizarres de ces fameuses entrées Tifo, et si je ne veux en aucune manière accuser Michel Tonini avant qu’il ne soit jugé, si tant est qu’un jour il doive l’être, je me demande comment on a pu arriver à faire payer au moins 20€ à des gens qui viennent installer un carré… comment des supporters adhérents ou membres actifs d’une association peuvent à ce point surfacturer à des camarades des places en bois et ce qu’en aurait pensé Depé.

Ce que je n’aime pas, c’est que dans un deuxième temps, on en arrive à mépriser ceux qui se font arnaquer au prétexte qu’ils n’ont qu’à venir au stade pour des matchs de moindre importance et non pas tous s’empiler pour les gros matchs. Ce qui est certain c’est que pas mal de petits malins profitent du système pour se financer leur abonnement et se faire même un peu de gratte. On achète trois abos, l’un est pour soi, les autres sont loués avec plus-value sur les gros matchs sachant qu’il n’y a plus de revente de places sèches en virage. Économie de la misère… Et j’avais évoqué dans un billet antérieur il y a deux saisons une anecdote qu’on m’avait rapporté, celle d’un supporter qui avait négocié avec un responsable (non marseillais) de section une place en virage à 70€ pour un autre OM-PSG (le prix réel était de 35 ou 40 ce soir-là), le supporter venait des Landes, mais quand il s’est présenté à la personne pour prendre sa place à un endroit convenu, c’est 140€ qu’on a essayé de lui soutirer sans vergogne, au prétexte que les prix avaient monté et que certains étaient prêts à débourser cette somme.

Et cela, qu’en aurait pensé Depé ?

Je voudrais revenir dans un prochain article sur des images de nos supporters à Bilbao, et sur des condamnations très lourdes qui ont été prononcés pour des jeunes. j’espère trouver le temps de le faire, à bientôt.

Vive le grand Roger Magnusson !