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[Monde] Les légendes du football.

Discussion dans 'Autres sujets sur le foot' démarrée par Arturo Bandini, 17 Juin 2013.

  1. anonymous_050120232

    anonymous_050120232 Well-Known Member

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    La Hongrie était présente au mondial 58, mais amoindrie suite à l'écrasement de l'insurrection de 1956 par l'URSS, car ses principales vedettes (Puskas, Czibor, Koksis) qui étaient en tournée en Europe de l'Ouest au moment des évènements ne rentreront pas au pays (et seront suspendus par la FIFA...) et feront carrière en Espagne.

    Et aussi à la blessure de René Bliard, qui était pressenti pour être le titulaire à la pointe de l'attaque. Fontaine était loin d'être le premier choix en attaque, car il n'avait rien prouvé chez les Bleus avant 1958 (peut-être aussi du fait que Kopa était absent pendant 2 ans, car retenu par le Real Madrid) Or l'association Kopa-Fontaine marchera à merveille pendant le mondial et les mois qui suivront, une fois Kopa revenu à Reims... J'ignore lequel était le meilleur, mais il me semble quand même que l'influence de Kopa dans le jeu était considérable. D'ailleurs, Kopa sera élu meilleur joueur de la compétition et gagnera le Ballon d'or cette année là.

    La première période dorée prendra fin avec la double fracture de la jambe de Fontaine (par deux fois, Cissé n'avait rien inventé ^^) En 1960, les Bleus privés de Fontaine, Kopa et Piantoni (tous blessés) échoueront en phase finale du tout premier Euro, alors qu'ils avaient brillé en qualifications. Kopa sera finalement banni de la sélection peu après, en conflit ouvert avec le sélectionneur de l'époque, et du fait que la fédération lui ait fait payer son militantisme en faveur des joueurs (évoqué plus haut) Là encore, Domenech et les grévistes de Knysna n'ont rien inventé, les gros clashs existaient déjà à l'époque...
    Au final, les Bleus mettront presque 20 ans à s'en remettre, il faudra attendre l'arrivée de la génération Platini, avec Hidalgo aux commandes (bien aidé aussi par le travail de ses prédécesseurs, Boulogne et Kovacs) pour que les résultats reviennent...
     
    Master Giancana aime votre message.
  2. warrior

    warrior Well-Known Member

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    Il avait dit la même chose de Cabella :D
     
  3. Master Giancana

    Master Giancana Exclu du forum.

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    Bien vu Madmax, la Hongrie c'est 56 les événements et j'avais oublié qu'ils étaient à la coupe 58, sans leurs vedettes, même si l'équipe entière était remplit de vedettes, grosse génération.

    C'est bien de se replonger dans ces périodes, ça me donne envie de relire mes classiques du football, ça fait un bout.
     
  4. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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  5. Ernesto

    Ernesto Pazzo

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  6. nasri88

    nasri88 Moderateur

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  7. Massilia1313

    Massilia1313 Modérateur

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  8. Marv

    Marv Prout

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    Enorme joueur, enorme professionnel, enorme leader exemplaire... les jeunes de Leicester s'en souviennent encore. (Et d'ailleurs).
     
  9. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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  10. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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    Eduard Streltsov, le footballeur martyr (1/2)
    Les joueurs d'exception - Le joueur le plus talentueux que la Russie soviétique ait jamais enfanté a connu la gloire puis le goulag, et n'a jamais pu briller en Coupe du monde.


    Ceux qui ont eu l’occasion de se promener un jour dans Moscou ont peut-être déjà aperçu, aux abords du stade Olympique de Loujniki, non loin de l’immense statue de Lénine située devant l’entrée principale, une autre statue à l’effigie d’un grand gaillard de plus d’1m80, ballon sous le coude, vêtu du maillot frappé d’un "T" symbole du Torpedo Moscou.

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    Si vous êtes curieux et que vous avez demandé autour de vous qui était cet homme et pourquoi la statue d’un joueur du Torpedo était placée ici (le Torpedo évolue maintenant en troisième division dans son propre stade d’à peine 13.000 places), on vous a probablement répondu qu’il s’agissait d’Eduard Anatolievitch Streltsov, et vous avez pu alors avoir autant d’avis sur cet homme que de bouteilles de vodka vendues chaque jour dans la ville: martyr du soviétisme pour les uns, illustration du dévoiement inhérent à la réussite sociale pour les autres, icône à mi-chemin entre Georges Best et Pelé pour ceux-là, son évocation n’aura en tout cas pas laissé indifférent. C’est que, de ce côté-ci d’un rideau de fer psychologique plus que jamais présent, il faudra que beaucoup de l’eau de la Moskova passe sous le pont de la Trinité pour que l’on parle de manière apaisée de ce symbole de situations ubuesques comme seule la Russie soviétique savait en engendrer.

    Une ascension fulgurante

    L’histoire commence à Moscou, en 1950. L’URSS se remet petit à petit des sacrifices endurés pendant la Seconde guerre mondiale, mais à l’euphorie de la victoire sur les nazis s’ensuit rapidement la crise de Berlin [1], puis la guerre de Corée [2] qui signent le début de la guerre froide. Le régime vient de se doter de l’arme atomique et le culte de la personnalité de Staline atteint son paroxysme. Pas de quoi, cependant, doucher l’enthousiasme grandissant du peuple russe pour le football, qui s’impose depuis la fin de la guerre comme l'un des sports majeurs dans le pays.

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    À cette époque, le club qui monte dans la capitale soviétique est le Torpedo, le club des usines automobiles ZIS, qui produisent notamment les limousines de luxe d’inspiration américaine réservées aux dignitaires du régime. Emmenée par son buteur vedette Aleksandr Ponomaryov, l’équipe du Torpedo vient de remporter la première Coupe d’URSS de son histoire et ambitionne désormais de rivaliser avec le Dynamo (club de la police soviétique) et le CDKA (ancêtre du CSKA, club de l’armée) en championnat. Comme les transferts des meilleurs joueurs ne peuvent se faire sans l’aval du Parti, le Torpedo se tourne vers la formation. C’est ainsi que les équipes de jeunes du Torpedo Moscou écument la ville, disputant des rencontres contre des sélections de petites équipes locales, le plus souvent composées d'enfants d'ouvriers travaillant pour les fournisseurs de ZIS.

    C’est lors d’une de ces rencontres face à l’équipe d’une usine de métallurgie dans laquelle sa mère travaillait que le jeune Eduard Streltsov, âgé d’à peine treize ans, va taper dans l’œil des dirigeants du Torpedo. Immédiatement recruté, Streltsov ne mettra que deux ans à intégrer l’équipe junior et à peine une de plus pour battre le record du plus jeune joueur finissant meilleur buteur du championnat soviétique, à seize ans et demi. Logiquement, dés l’année suivante, en 1955, Eduard Streltsov est convoqué pour sa première sélection sous le maillot soviétique. Pas encore adulte et déjà star dans tout le pays: il n’en fallait pas plus pour que, au sommet d’un Etat où une tête qui dépasse doive être soit coupée, soit érigée en symbole de la réussite du communisme, on se penche sur son cas. Mais pour l'instant, le jeune Eduard, lui, ne se soucie guère de toutes ces considérations. En ce mois de juin 1955, il prend la direction de Stockholm pour un match opposant l’URSS à la solide équipe de Suède, avec l’ambition de s’installer durablement au sein de l’attaque soviétique.

    Coup d'éclat et promesses

    Pour son premier match avec l’équipe nationale, Streltsov va faire plus qu’impressionner. Quasiment inconnu des joueurs suédois au coup d’envoi, trois buts et trois passes décisives plus tard l’entraîneur de l’équipe scandinave écrasée 6-0 déclare: "Nous sommes prêts à attendre cinq cents ans pour avoir un tel joueur dans notre équipe". Un an plus tard, c’est aux Jeux Olympiques de Melbourne qu’Eduard va de nouveau s’illustrer. Pour sa deuxième participation à cette compétition, l’URSS fait figure de sérieux outsider en alignant dans les buts un certain Lev Yachine et aux avant-postes le duo du Torpedo Streltsov-Ivanov.
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    Après avoir disposé de l’Allemagne (encore unifiée) et de l’Indonésie, c’est la Bulgarie de Boskov et Dimitrov qui se dresse face à eux pour la demi-finale de l’épreuve. Au terme de quatre-vingt-dix minutes, le score est toujours de zéro à zéro, et signe de l’âpreté du combat l’URSS va disputer les prolongations avec seulement neuf joueurs sur la pelouse – en raison des blessures du défenseur Tyschenko et d’Ivanov, l'habituel compère de Streltsov en attaque. Au bout de cinq minutes dans la prolongation, la Bulgarie va ouvrir le score par Kolev, et l'on ne donne alors pas cher des chances des soviétiques de remporter leur premier titre international. C’est sans compter sur Streltsov, qui va, à la 112e minute, marquer seul le but égalisateur, puis trois minutes plus tard offrir une passe décisive à Tatushin pour une incroyable victoire des soviétiques.

    Malgré cette prestation, qui lui vaudra quelques mois plus tard le titre de Maître émérite des sports de l'URSS [3], c'est depuis le banc de touche que Streltsov regarde la finale de la compétition. À cause de la blessure d'Ivanov, n'ayant pas guéri suffisamment vite, et à un choix tactique de l'entraîneur Gavriil Kachalin, qui préférait avoir une paire d'attaquants évoluant ensemble en club. Ivanov sur le flanc, Streltsov doit donc également laisser sa place et se contenter d'applaudir la paire du Spartak Simonian-Ilyin, grâce à laquelle l'URSS remporte la finale 1-0 face à la Yougoslavie. Une décision d'autant plus cruelle que la coutume de l'époque veut que seuls les joueurs ayant participé à la finale aient le droit de recevoir une médaille. À la fin de la cérémonie, Simonian veut offrir la sienne à Streltsov, qui décline: "Je gagnerais beaucoup d'autres trophées", assure-t-il. Malheureusement, il se trompe lourdement.

    1957, année explosive

    Car cette année 1956, qui voit ainsi l'URSS remporter son premier titre majeur, est sur le plan intérieur une année charnière dans l'évolution de la doctrine du régime. Le nouvel homme fort du Parti, trois ans après la mort de Staline, est désormais Nikita Krouchtchev, qui a entrepris de se débarrasser de ses opposants en lançant un mouvement de déstalinisation accompagné de mesures annonçant une démocratisation de la vie publique et une libéralisation de l'économie. Conséquence inattendue, ces réformes entrainent un mouvement d'émancipation dans certains pays du Bloc de l'Est, et le nouveau leader du Politbüro n'a d'autre choix que de reprendre d'une main ce qu'il a donné d'une autre. C'est ainsi qu'entre l'étouffement de la révolte en Pologne et l'entrée des chars russes dans Budapest en émeute, la paranoïa du régime contre tout ce qui peut remettre en cause l'idéologie communiste s'en trouve décuplée.

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    C'est dans ce contexte qu'Eduard Streltsov réalise une année 1957 qui le fait accéder au statut de demi-dieu: élu meilleur joueur du championnat soviétique grâce notamment aux 31 buts en 19 matches qu'il inscrit de juillet à octobre (record toujours inégalé), il fait obtenir quasiment à lui tout seul la deuxième place du Championnat au Torpedo, soit le meilleur classement de l'histoire du club. Surtout, il est le grand artisan de la qualification de l'URSS pour la Coupe du monde 1958, à l'issue d'un match d'appui explosif face à la Pologne remporté 2-0 – durant lequel il marque le premier but et est à l'origine du second bien, que jouant sur une jambe suite à de multiples blessures.
    Cette année-là il finit même septième au classement du Ballon d'Or, une première pour un joueur soviétique, et ce bien qu'aucun club russe ne participe aux Coupes d'Europe. Malgré tout, les rares observateurs qui ont dû se contenter de la tournée européenne du Torpedo pour admirer la merveille moscovite sont tombés sous le charme. Ainsi à l'occasion de ce voyage en France, durant lequel Streltsov et les siens corrigent sur le même score de 7 buts à 1 l'OM et le Racing Paris, pourtant parmi les meilleurs clubs français de l'époque. Aux yeux de tous ceux qui l'ont vu, Streltsov est l'archétype de l'attaquant parfait, puissant physiquement, aussi habile pour conclure une action que pour l'initier, doté d'une technique de dribble et de conservation de balle remarquable. Il est de plus excellent de la tête et ses frappes de balle sont d'une précision parfaite.

    Plus dure sera la chute
     
  11. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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    Mais ces exploits ne soulèvent pas l'enthousiasme de tout le monde, notamment au sein des dirigeants communistes. Car Eduard ne veut pas entrer dans le moule de l'athlète soviétique standard, et le fait savoir. A de multiples reprises, il refuse d'être transféré au CSKA ou au Dynamo, malgré l'insistance des personnages hauts placés du Parti comme de son ami Lev Yachine, préférant rester fidèle au Torpedo. Puis, les services de renseignements soviétiques le décrivent comme susceptible de passer à l'Ouest, après qu'il a confié qu'il est toujours triste de revenir en URSS après ses séjours à l'étranger. Et, ultime affront, début 1957 il refuse la main de la fille d'Ekaterina Furtseva, protégée de Krouchtchev et seule femme n'ayant jamais siégé au Politbüro, en déclarant "Je ne me marierais jamais avec cette guenon", pour épouser quelques mois plus tard une autre femme en secret. Une attitude qui lui vaut tout d'abord une campagne de dénigrement en bonne et due forme de la part des médias officiels, comme dans cette série "Egarements d'idoles" parue dans le Komsomolskalia Pravda [4] qui racontent dans le détail les beuveries, bagarres et autres soirées de débauche auxquelles s'adonnerait régulièrement la nouvelle icône du peuple.

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    Il est ensuite banni temporairement de la sélection soviétique, et n'est autorisé à revenir sous le maillot de l'URSS qu'après avoir fait son autocritique dans la revue Sovietski Sport. Ainsi, à la suite de la parution d'un article titré "Ce n'est pas un héros" accompagné de lettres de "membres du prolétariat" condamnant Streltsov en tant qu'illustration des maux de l'impérialisme occidental, il participe quand même aux rencontres amicales contre la sélection de Berlin (il inscrit un triplé pour une victoire 4 à 0) et face à l'Angleterre, préparatoires à la Coupe du monde suédoise de 1958. Une Coupe du monde où les soviétiques et tout particulièrement leur attaquant aux 32 buts en 29 sélections sont attendus comme favoris. Mais alors que deux mois plus tard ce Mondial consacre un jeune Brésilien inconnu nommé Pelé, ainsi que l'attaquant français Just Fontaine et son nouveau record de buts avec treize réalisations, l'URSS se fait éliminer par deux buts à zéro en quart de finale par la Suède, la même équipe qu'ils avaient étrillés 6-0 trois ans plus tôt après le festival de Streltsov. Mais Streltsov, à la surprise générale, n'a pas fait le voyage. Et pour cause.

    Sortie de route

    Le 25 mai 1958, soit deux jours avant le départ prévu pour la Suède, Eduard est invité à une soirée de la jeunesse dorée du régime dans une datcha aux alentours de Moscou, en compagnie de deux de ses coéquipiers, Mikhaïl Ogonkov et Boris Tatushin. Nul ne sait ce qu'il s'est exactement passé ce soir-là, si ce n'est que l'alcool a coulé à flot: étrangement, personne n'y a rien vu et ne se souvient de rien de toute manière. Toujours est-il que le lendemain, des policiers arrivent au camp d'entrainement de Tarassovska pour procéder à l'arrestation d'Eduard Streltsov, lui signifiant son inculpation de viol avec violence physique sur la personne de Marina Lebedeva, dix-neuf ans, fille d'un général de l'armée rouge. Ses deux coéquipiers présents à cette soirée sont également arrêtés et aussitôt exclus du groupe soviétique, mais relâchés peu après.

    Car la cible désignée est bien Streltsov, qui avoue sous la pression le viol dont il est accusé, pensant ainsi gagner l'autorisation de jouer la Coupe du monde. Et peu importe que la victime se rétracte ensuite, la machine à broyer du régime communiste s'était déjà mise en place depuis longtemps. Incarcéré dans la foulée à la prison de Burtika, l'affaire fait l'effet d'une déflagration. Le sélectionneur Kachalin contacte aussitôt ses relations influentes au sein du Parti, dans l'espoir de voir la condamnation de son joueur suspendue pendant la Coupe du monde, mais on lui fait comprendre que l'ordre vient directement des plus hautes instances. Krouchtchev lui-même a pris la décision de cette incarcération, et ce n'est pas non plus la manifestation réunissant 100.000 supporters et ouvriers des usines ZIS, convaincus de l'innocence de leur idole, qui va changer la donne. Streltsov a eu l'outrecuidance de tenir tête aux dignitaires du régime, et il va en payer le prix fort.
     
  12. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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    Au goulag

    Le 25 juillet 1958, le lendemain de son vingt et unième anniversaire, Eduard Streltsov est officiellement condamné à douze ans de prison, au régime le plus sévère. Le verdict se fonde sur les accusations de Marina Lebedeva, qui a bel et bien été violentée, mais n'est pas sûre de l'identité de son agresseur, et sur les aveux de Streltsov. Immédiatement, son nom est rayé des registres et on efface toutes traces de sa notoriété. La liste des trente-trois joueurs soviétiques de l'année n'est pas publiée (Streltsov devant être de nouveau élu comme meilleur joueur soviétique), certains de ses buts sont attribués à d'autres, et le nom de Streltsov n'apparaît pas dans l'ouvrage Le Football en URSS, imprimé peu de temps après l'affaire à destination du public occidental. Sa femme, elle, demande le divorce quelques jours à peine après son incarcération.

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    Mais cela n'était rien comparé à ce qu'il doit endurer au Goulag. D'abord confiné à l'isolement, il est ensuite agressé (probablement sur ordre des autorités) par un autre détenu qui lui brise les jambes avec une barre de fer, ce qui lui fait passer plus de quatre mois à l'hôpital de la prison. Puis, avec le temps, Eduard se remet de ses blessures et sa condition s'améliorant, les directeurs de la prison comprennent vite l'intérêt qu'ils peuvent tirer d'avoir une star du football pour organiser quelques parties et ainsi calmer les débuts de rebellions. Adulé par de nombreux détenus, qui espèrent tous qu'il puisse un jour rejouer sur un vrai terrain de football, Eduard devient un détenu modèle et sa bonne conduite lui permet d'entrevoir le bout du tunnel. Surtout que dans l'intervalle, l'influence d'Ekaterina Furtseva, la mère de "la guenon", a diminué dans les hautes sphères du régime, au point de se faire évincer du Politbüro. Coïncidence ou pas, le 25 février 1963, après "seulement" quatre années et demi passées au Goulag, Streltsov bénéficie d'un allégement de peine et peut recouvrer la liberté.

    Vers la réhabilitation

    Un mois seulement après sa libération, Streltsov est autorisé à rejouer au football, mais uniquement au niveau amateur. Il s'engage avec le club amateur des usines ZIS, considéré comme la réserve du Torpedo, qui entre-temps est devenu une valeur sûre du championnat soviétique avec un premier titre de champion en 1960, une deuxième place en 1961, et l'avènement de Valentin Ivanov qui a pris une autre dimension que celle de simple acolyte de Streltsov. Bien que diminué physiquement et ayant perdu en endurance et en vivacité, il emmène son équipe à la première place de sa division, en remportant la totalité de ses onze matches. Streltsov, bien qu'amateur, attire toujours autant les foules: lors d'un déplacement à Gorki, une émeute manque d'éclater lorsque les supporters se rendent compte que Streltsov n'est pas sur la pelouse, mais sur le banc des remplaçants.

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    Puis, en mai 1965, c'est le nouvel homme fort du Parti, Leonid Brejnev, qui l'autorise à revêtir de nouveau le maillot de l'équipe première, pour emmener par la suite son Torpedo à un nouveau titre de champions d'URSS, le deuxième de l'histoire du club. Malgré l'élimination cruelle (1-0 ; 0-0) au premier tour de la Coupe d'Europe des clubs champions face à l'Inter Milan (futur finaliste de l'épreuve), cet exploit permet à ses fans d'espérer sa présence à la Coupe du monde 1966 en Angleterre – d'autant plus qu'à peine trois ans après sa sortie du goulag, il est une nouvelle fois élu meilleur joueur soviétique de l'année. Mais, une fois de plus, et malgré les différents soutiens en haut lieu, les autorités russes l'empêchent d'exprimer son talent devant le monde entier, ne lui accordant pas le visa permettant de rejoindre Londres. L'URSS finira quatrième de cette édition, sa meilleure performance en Coupe du monde à ce jour, et nul ne saura jamais si l'histoire se serait écrite en cyrillique si Streltsov n'avait pas de nouveau manqué cette compétition.

    Pelé : "Je pense qu'il était meilleur que moi"

    Cruellement, son visa permettant de participer aux rencontres internationales lui sera accordé trois mois plus tard, ce qui lui permet de porter à vingt-cinq son total de buts en matches officiels sous le maillot soviétique, en trente-huit rencontres. En championnat d'URSS, il est élu pour les troisième et quatrième fois meilleur joueur du championnat en 1967 et 1968, année où il finit également meilleur buteur de la compétition, quatorze ans après son premier trophée. En 1970, à trente-trois ans, et alors que tous les supporters du Torpedo espèrent qu'enfin leur vedette pourra participer à une Coupe du monde, Eduard Streltsov est victime d'une rupture du tendon d'Achille en cours de match et doit mettre un terme à sa carrière.

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    Il s'arrête donc en ayant inscrit le total de 99 buts en 222 matches pour le Torpedo, mais sans avoir pu disputer une seule rencontre de Coupe du monde. De l'autre côté de la planète, celui qui n'était qu'un jeune Brésilien surdoué devient, en soulevant le trophée Jules Rimet pour la troisième fois, le roi Pelé. Pelé qui dira un jour: "Mon plus grand rival? Eduard Streltsov. Et encore, je pense qu'il était meilleur que moi".
    Difficile d'imaginer, vu de l'extérieur, l'aura qu'a atteinte Eduard Streltsov en URSS, à la fois star du ballon rond et symbole de la résistance à un système dont tout le monde connaissait les travers, sans toutefois oser s'y opposer. Aujourd'hui encore, en Russie, une passe en talonnade est appelée une passe "à la Streltsov", en hommage à celui qui affectionnait tout particulièrement ce geste.

    La vérité dans les archives

    Il intégrera ensuite en 1974 l'encadrement du Torpedo comme entraîneur des équipes de jeunes, mais sans jamais évoquer l'affaire qui l'avait conduit au Goulag, ni les conditions de sa détention – des menaces de mort pesant sur lui et sa famille au cas où il serait tenté d'évoquer un passé dont personne ne voulait qu'il ressurgisse. Streltsov meurt d'un cancer de la gorge en 1990, peut-être contracté quatre années plus tôt lors d'un match de charité à Tchernobyl, en hommage aux victimes de la catastrophe. Il faut attendre 1991 et la chute du Mur pour que les langues se délient, et que l'ouverture de dossiers classés du KGB révèle ce que tout le monde savait, à savoir que Streltsov avait bel et bien fait l'objet d'un complot. Une conspiration dictée depuis le Kremlin, visant à la fois à punir celui qui avait osé se rebeller, et à se prémunir contre une "Streltsov-mania" qui n'aurait pas manqué de parcourir la jeunesse russe en cas de succès trop éclatants. L'idéologie communiste devait mettre en valeur le collectif et Streltsov, trop doué, trop charismatique, attirant trop la lumière, incarnait une starification abhorrée par le régime.

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    En 2001, sous l'impulsion de l'ancien champion du monde d'échecs Anatoly Karpov, et de l'ex-maire de Moscou Iouri Loujkov, un comité de réhabilitation est créé, visant à faire toute la lumière sur les événements dont fut victime Eduard Streltsov. On avait déjà pu voir, en 1997, Marina Lebedeva – la jeune femme que Streltsov avait prétendument agressée – déposer une gerbe de fleurs sur sa tombe, le lendemain de la cérémonie annuelle célébrant la date de sa mort. Une statue est inaugurée devant le stade Olympique de Loujniki, et le Torpedo renomme son enceinte "Stade Eduard Streltsov", honneur mille fois mérité pour celui dont la fidélité au club fut l'une des causes de sa descente aux enfers.
    En 2006, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la victoire aux Jeux Olympiques de Melbourne, le Comité Olympique russe lui remet à titre posthume la médaille qu'il avait refusé cinquante ans plus tôt. Le plus talentueux footballeur soviétique de l'histoire n'eut pas la carrière qu'il méritait, mais le peuple russe se souviendrait à jamais de ses exploits.
     
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  13. dadwu

    dadwu aKa "le touriste"

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    "je n'épouserai jamais cette guenon" en russie, il abuse quand meme :D




     
  14. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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  15. marseillais29

    marseillais29 moi en personne

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    Je connaissais pas du tout le joueur, fin bon les ravages du communisme quoi.

    Et j'ai éclaté de rire quand j'ai vu ça aussi :):):):D
     
  16. dadwu

    dadwu aKa "le touriste"

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    je connaissais pas du tout béria mais dans la catégorie "sal*pe géante" lui est hors concours...
     
  17. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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    Raynald Denoueix : « Modrić sait où sera la meilleure passe à faire »
    Observateur assidu et formateur reconnu, Raynald Denoueix prêche très souvent la bonne parole lorsqu'il s'agit de jeu. Peu après la fin de la Coupe du monde, le chantre du beau jeu à la nantaise avait accepté de décortiquer le jeu du milieu croate et madrilène Luka Modrić, mis à l'honneur à l'occasion de la sortie du numéro 160 de So Foot ce jeudi.

    Propos recueillis par Andrea Chazy jeudi 4 octobre

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    Que ce soit avec la Croatie ou le Real Madrid, Luka Modrić donne le sentiment d’être excellent en permanence. Existe-t-il néanmoins des différences sur le plan du jeu ?
    « À Madrid, il a Casemiro derrière lui, en sélection c’est Rakitić. La différence majeure se situe au niveau du rapport de force. »
    Ça a été tout sauf surprenant de le voir à ce niveau-là. (Rires.) Il se retrouve dans une équipe qui fonctionne assez bien, qui est assez homogène. Il est un peu dans la même configuration qu’à Madrid, même si devant, les profils des joueurs sont différents. À Madrid, il a Casemiro derrière lui, en sélection c’est Rakitić. La différence majeure se situe au niveau du rapport de force. Lorsqu’il joue avec le Real, qui domine la majeure partie de ses rencontres, il a plus souvent l’occasion de se retrouver plus proche de la surface adverse qu’avec la Croatie. La saison dernière au Real, Isco avait tendance à venir dans l’axe. Benzema aussi. Pareil pour Asensio. Il y avait pas mal de joueurs qui pouvaient venir à l’intérieur derrière Ronaldo, ce qui faisait qu’il était moins nécessaire qu’il soit proche de l’attaquant.

    On a quand même le sentiment qu’avec la Croatie, il terminait les matchs beaucoup plus marqué physiquement...
    Ce n’est pas étonnant de le voir plus fatigué à la fin de ses matchs en équipe nationale. Son équipe tient moins le ballon, la maîtrise collective n’est pas au niveau de celle qu’il y a à Madrid. Dans le rapport de force, la Croatie n’est pas aussi supérieure face à d’autres sélections comme peut l’être le Real avec la plupart des équipes qu’il rencontre. À Madrid, ses partenaires, qui font partie des meilleurs du monde et qui sont ensemble tous les jours depuis plusieurs saisons, sont capables de tenir le ballon dans les 25 derniers mètres, chose que les Croates avaient beaucoup plus de mal à faire. C’est une question de profil de joueurs.

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    Comment peut-on essayer d'expliquer sa faculté à prendre en permanence la bonne décision ?
    (Il coupe.) Il voit la bonne décision à prendre parce que dans sa tête il sait, en fonction de la situation de jeu, où sera la meilleure passe à faire.
    « Il ne va pas balancer le ballon dans le paquet et espérer que ça tombe sur un partenaire. Non, il va chercher un joueur en particulier. »
    Quelque part, Modrić se dit « à cet endroit, je dois avoir un partenaire » et c’est donc là où il regarde en priorité. Quand il va chercher un partenaire dans la surface, il ne va pas balancer le ballon dans le paquet et espérer que ça tombe sur un partenaire. Non, il va chercher un joueur en particulier. C’est la différence entre les bons joueurs et les moins bons. C’est toute la différence avec ceux qui partent sur le côté, mettent le ballon dans le paquet en espérant qu’un défenseur se loupe et se disent : « Avec un peu de chance, elle va bien tomber sur la tête d’un partenaire. » Ça marche une fois tous les dix matchs. D’ailleurs, dans ces équipes moins fortes, souvent, les attaquants courent avec les défenseurs. Alors que parfois, il suffit simplement de s’arrêter pour se démarquer. Parce que tout est une question d’espaces.
    Cette faculté de la dernière passe, de casser des lignes en une seule transmission que lui ou Iniesta ont, est-ce que ça n’aurait pas été plus difficile pour Modrić de la faire valoir face à des blocs plus regroupés ?
    Je ne pense pas, car dans le championnat espagnol lorsque Madrid ou Barcelone jouent, en face il y a du monde derrière. Face à eux, il y a beaucoup d’équipes qui mettent six, sept, huit joueurs pour défendre. La différence est qu’en Liga dans ces défenses regroupées, beaucoup de latéraux sont d’anciens attaquants. Ils peuvent donc se projeter plus vite vers l’avant dès que leur équipe récupère le ballon.

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    Durant le Mondial, y a-t-il eu un mouvement initié par Modrić qui a retenu votre attention ?
    « Le but du jeu, c’est d’anticiper. Si ça vient d’arriver, c’est déjà trop tard. Comme pour nous lorsqu'on regarde le match à la télévision. »
    Pas forcément, je regardais ça tranquillou. (Rires.) Après, je n’étais pas en Russie, et la façon dont sont filmés les matchs aujourd’hui, avec beaucoup de gros plans sur des mecs en tribunes ou sur le banc, nous empêche de voir par exemple les possibilités de passes qu’il a. On ne peut pas se dire : « Ah bah tiens, il aurait pu la donner à untel ou untel » , parce qu’on ne voit le ballon que lorsqu'il est arrivé. Et là, c’est comme quand on est un mauvais joueur : c’est foutu. Ils ne comprennent que lorsque l’adversaire court ou que le ballon arrive. C’est trop tard. Le but du jeu, c’est d’anticiper. Si ça vient d’arriver, c’est déjà trop tard. Comme pour nous lorsqu'on regarde le match à la télévision.

    Est-ce que vous lui voyez un axe de progression ? Il y a un secteur dont on parle peu, mais qu’il pourrait peut-être améliorer : c’est son jeu de tête. Il y a certainement une question de taille, même si par exemple Messi est bon de la tête. S’il voit des espaces ou même s’il est oublié sur coup de pied arrêté, Messi est capable d’aller s’imposer dans les airs. On l’a vu à Rome (face à Manchester United en finale de Ligue des champions, N.D.L.R.). Modrić, je n’ai pas trop de souvenir à ce niveau-là.

    Peut-être qu’il est trop cérébral pour mettre la tête ?
    (Rires.) C’est possible, peut-être qu’il n’a pas envie de perdre des neurones, qu’il a peur d’abîmer des connexions. Il est tellement intelligent qu’il se dit « faut pas que ça s’endommage là-haut » .

    Au niveau des statistiques aussi, est-ce qu’il n'existe pas un manque pour lui permettre de postuler un autre statut sur le plan individuel ?
    « Les buts qu'Iniesta et Modrić inscrivent, on s’en souvient. Ce ne sont pas des buts qui ne servent à rien dans des matchs d’avant-saison. »
    Il n’y en a pas beaucoup des milieux qui vont mettre 25 buts par saison, et ce n’est pas son rôle prioritaire. Iniesta, par exemple, ne mettait pas non plus beaucoup de buts, car ils sont dans une zone où on ne peut pas tout leur demander. Ils ne peuvent pas être parmi les meilleurs à la fois au milieu de terrain et en même temps devant. Mais les buts que lui et Modrić inscrivent, on s’en souvient. Ce ne sont pas des buts qui ne servent à rien dans des matchs d’avant-saison.
     
    Croconico aime votre message.
  18. kaiser sauzee

    kaiser sauzee Ermite pastafariste

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    good bye gordon.
     
  19. anonymous_050120232

    anonymous_050120232 Well-Known Member

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    1
    "J'avais marqué un but, mais Banks l'a arrêté" (Pelé)

    Repose en paix, Gordon. La planète foot perd un de ses tout meilleurs gardiens...
     
  20. shady

    shady Moderateur Membre de l'équipe

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    0
    RIP Gordon! :(

    Un immense gardien de buts nous quitte. :confused:
     

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