Un bon vivant, un magouilleur, un homme ayant le sens d’État, un adepte du compromis mou, un politicard... Chirac aura cultivé tous les paradoxes. Dans ses bonnes actions, je retiendrai surtout le NON à l'invasion en Irak et plus globalement sa politique étrangère qui faisait de la France un acteur influent dans le monde, un pays écouté. Je suis beaucoup plus mitigé par rapport à son bilan en politique intérieure, sans doute la conséquence d'avoir eu le c*l entre deux chaises, les libéraux et les "gaullistes" (j'ai désormais du mal à employer ce mot, seuls les résistants en contact avec Londres qui ont risqué leur vie pour libérer le pays méritent qu'on les appelle gaullistes) Requiescat In Pace, Jacques Chirac.
"Qu'est-ce qui lui arrive à la 2, il faut faire chauffer l'appareil." "Mais qu'est-ce qu'elle me veut de plus, cette mégère? Mes c*uilles sur un plateau?" (en parlant de Thatcher)
Sa marionette des guignols l'aura rendu bien sympathique. Je l'imaginais tellement le dimanche en survêtement + bière + claquette devant téléfoot dans l'Elysée.
moi celle qui me scie le plus c'est ce qu'il aurait dit lors d'un salon de l'agriculture je crois : "- CONNARD !!! - enchanté, moi c'est Chirac." propre.
Jacques Chirac s’en est allé. Je ne partageais pas ses idées mais c’était incontestablement le dernier homme d’Etat que nous avons connus. Paix à son âme.
Je dois dire que, même si aujourd'hui j'ai été un peu sarcastique car je ne pardonne pas certains de ses actes et de ses trahisons (c'est purement politique, ça va de soi), je suis tout de même assez triste. Sa disparition marque malheureusement la fin définitive d'une époque où on avait, quelles que soient les idées (et malgré quelques combines), une certaine idée de ce qu'était l'Etat et la République. Et celle des grandes batailles idéologiques qui étaient incarnées par des gens de talent dont il faisait partie. Il suffit de revoir le débat des européennes de 79 (disponible sur Ina.fr) pour s'en convaincre. Le "bulldozer" nous manquera.
Comprends bien, je suis toujours en phase avec le concept "d'une certaine idée de la France". Seulement beaucoup trop de politicards se sont réappropriés De Gaulle alors qu'ils n'ont pas une once de gaullisme dans leurs valeurs (lorsqu'ils en ont). Et, côté communication, je pense que c'est compliqué de se faire entendre et d'être crédible auprès des citoyens lorsqu'on se réfère à un homme - aussi illustre soit-il - mort depuis 50 ans. Les vrais gaullistes, ce sont les combattants et les résistants de la France Libre qui ont risqué leur peau pour libérer le pays occupé. Les autres sont des contrefaçons!!! Un article de Polony qui va dans ton sens sur le rôle de liquidateur qu'a eu Jacques Chirac vis-à-vis du "gaullisme" : https://www.marianne.net/debattons/editos/jacques-chirac-mort-du-fossoyeur-du-gaullisme J'y ajouterais à cela le torpillage en règle de Jacques Chaban-Delmas - qui lui était un authentique gaulliste - pour se ranger derrière Giscard le bijoutier (et ainsi négocier sa place de Premier Ministre en 1974)
Je suis d'accord avec toi à une nuance près : même Malraux disait qu'il fallait faire une distinction entre le Gaullisme issu de la résistance et celui qui est incarné par la génération suivante, celle qui est restée fidèle à une idéologie et, comme tu disais, une "certaine idée de la France" avec des gens comme Chevènement ou Séguin. Ils ne sont pas nombreux par contre, c'est vrai, et plus que des imposteurs, ce sont tout bonnement des "faux" au sens littéral du terme. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, le sens des mots en politique est totalement dévoyé (JF Kahn expliquait très bien ça à l'époque), que les concepts ne même veulent plus rien dire du tout, principalement à cause des journalistes et des technocrates incultes qui parlent de choses qu'ils ne connaissent pas, et aussi de la couardise des politiciens qui ne veulent surtout pas les contredire pour ne pas jouer aux profs. Comme disait Guaino "chacun agit en sa conscience et personne n'est le gardien de la vraie Croix de Lorraine, et l'histoire se chargera de faire le tri". Et oui, on a définitivement basculé dans une époque de merde...
Je comprends bien la différence entre gaullisme militaire qui avait pour but la libération de la France, et le gaullisme politique qui avait pour but son indépendance et sa souveraineté. Mais dans les faits, les gaullistes politiques de "première génération" - je parle de ceux qui ont eu un rôle politique avant 1969, donc sous les mandats de De Gaulle - avaient également été des gaullistes militaires : Malraux, Chaban, Neuwirth - pour ne citer qu'eux - étaient issus de la Résistance. Seguin, Chevènement et De Villiers étaient en effet les garants authentiques du gaullisme politique. Mais le premier s'est fait broyer par le RPR, le deuxième par le 21 avril, et le troisième est vraiment trop clivant (trop droitard pour moi) pour rassembler les défenseurs de la souveraineté nationale. Il y a eu un gros manque pédagogique autour de la notion de souveraineté, ses défenseurs n'ont pas bien vendu le concept, n'ont pas su rassembler autour, ou du moins n'ont pas su le mettre en avant dans les moments clés. Pourtant, il y a eu les occasions : - la courte victoire du OUI sur le referendum de Maastricht en 1992, alors qu'un plébiscite était attendu - les bons scores de De Villiers aux européennes de 1994 et surtout 1999 - la victoire du NON au referendum du TCE en 2005 Des essais jamais transformés, et des médias à la masse qui ont attribué le monopole de la souveraineté nationale au FN...
Pareil, je n'ai pas oublié non plus... Mais bon, il a su faire son mea culpa par la suite et l'épopée des Bleus en 1998 y a beaucoup contribué. Par contre, il ne faut pas oublier ses nombreuses casseroles, et les emplois fictifs à la mairie de Paris ou ses notes de frais pour le moins "gigantesques", que ce soit dans les restaurants français ou lors de ses séjours à l'étranger. Pendant que plus de 15 000 personnes âgées perdaient la vie lors de la terrible vague de canicule en 2003, le gars était bien au frais dans un hôtel 5 étoiles climatisé au Canada, à croire qu'il avait tout prévu... Bref, il y a eu du bon Chirac, mais également du très mauvais. Et, parce qu'il vient juste de décéder, j'ai l'impression que l'opinion populaire lui pardonne toutes ses mauvaises actions, et ça, c'est un peu trop facile...
Il ne faut pas non plus oublier où il en était en terme de popularité au moment de son départ en 2007. Il était à 30 dans les sondages le mec et même s'il a gagné en 2002, il a fait moins de 20% au premier tour. Aujourd'hui, beaucoup disent de Macron qu'il a mal été élu avec 25% au premier tour... Et pis Chirac, il y avait effectivement les casseroles (Juppé a d'ailleurs pas mal payé pour lui) ou les échecs politique (chômage qui a explosé, la dissolution). Aujourd'hui beaucoup se souviennent de la décision au sujet de la guerre en Irak (et c'était très fort, c'est indéniable) mais quid de la reprise des essais nucléaires ? C'était pas très propre ça... Et n'oublions pas qu'il a fini en "super menteur" aux guignols... Là on parle d'un grand président aimé des Français alors que sa popularité date surtout d'après son dernier mandat et il la doit en grande partie aux Guignols quand même. Ils l'ont bien aidé eux au final, il était sympa aussi grâce à eux. Bref, comme souvent, les gens qui meurent deviennent aimés de tous et je trouve ça ridicule.
Je pense que sa cote de popularité est dûe aux guignols en partie mais aussi à ce côté Franchouillard proche du terroir avec un language fleuri par moment , qui a fait que même si tu n'étais pas de son bord politique ou un de ses électeurs , il te laissait quand même ce petit côté sympatoche .